Une rencontre marquante

Le 24 janvier 2002, environ deux ans avant que je ne commence l’écriture du premier tome de ma trilogie, j’ai rencontré un célèbre écrivain péruvien à l’Université de la Polynésie française (UPF). La rencontre n’était pas fortuite, mais au contraire parfaitement programmée puisque je faisais partie (en tant que vice-président de l’université et non en raison de mes compétences littéraires au demeurant bien modestes) de l’assemblée qui décerna à Mario Vargas Llosa le diplôme de Docteur Honoris Causa de l’UPF pour l’ensemble de son œuvre littéraire.

au centre Mario Vargas Llosa et à droite Alpha (Monique)

Il se trouve qu’en octobre 2010, Mario Vargas Llosa a reçu le prix Nobel de littérature.

En 2002 donc, j’ai été marqué par la force de la démonstration que cet écrivain développa lors de sa conférence dans le grand amphithéâtre de l’université.

Dans cette conférence, dont le titre était : « La littérature et la vie », Mario Vargas Llosa mit en avant le rôle essentiel de la littérature et des livres.

Extrait :

« … La littérature (…) à la différence de la science et de la technique, est, a été et continuera d’être, tant qu’elle existera, l’un de ces dénominateurs communs de l’expérience humaine, grâce auquel les êtres vivants se reconnaissent et dialoguent, peu importe les grandes différences qui marquent leurs occupations, leurs projets de vie, les géographies et les circonstances où ils se trouvent, et même les temps historiques qui déterminent leur horizon. Lecteurs de Cervantès ou de Shakespeare, de Dante ou de Tolstoï, nous nous comprenons et nous nous sentons membres de la même espèce car, dans les œuvres qu’ils ont créées, nous apprenons ce que nous partageons en tant qu’êtres humains, ce qui reste en nous tous au-delà de l’ample éventail de différences qui nous séparent. Et rien ne protège davantage l’être vivant de la stupidité des préjugés, du racisme, de la xénophobie, des œillères provinciales, du sectarisme religieux ou politique, ou des nationalismes qui excluent, que cette incessante constatation qui apparaît toujours dans la grande littérature : l’égalité essentielle des hommes et des femmes de toutes les géographies et l’injustice qui consiste à établir entre eux des formes de discrimination, d’asservissement et d’exploitation. Rien ne nous apprend mieux que les bons romans à voir, dans les différences ethniques et culturelles, la richesse du patrimoine humain et à les valoriser comme une manifestation de leur créativité multiple. »

Évidemment, si le monde futur du 51-ième siècle de Polynesia peut, par certains côtés, nous paraître proche du nôtre (il faut bien que le lecteur puisse s’identifier aux personnages), il est aussi extrêmement différent. Non seulement parce que les humains du futur ont oublié la Terre, non seulement parce qu’ils vivent à l’intérieur de près de 26000 gigantesques cylindres de 500 km de long chacun perdu dans les étoiles, non seulement parce qu’ils ne vivent plus que pour et par l’information … mais différent parce que les livres n’existent plus ! Or contrairement à l’énorme majorité des humains de cette époque, AngKor est passionné par les livres anciens. Grâce à eux, il fera une découverte extraordinaire susceptible de bouleverser l’avenir de l’humanité…